Le « pays des Bourbaki » : une passion mémorielle franco-suisse (1871-2017)

 

« Est-ce à dire que je méprise/ Les nobles guerres de jadis/ Que je m’soucie comm’ d’un’cerise/ De celle de soixante-dix?/ Au contrair’, je la révère/ Et lui donne un satisfecit ». Georges Brassens, « La guerre de 14-18 ».

 

Le célèbre lion de Belfort du sculpteur Bartholdi. Crédit : Belfort Tourisme

Denfert-Rochereau, c’est certes une station du métro parisien, mais encore ? Si on a sculpté un lion à Belfort, c’est sans doute parce que les usines Peugeot sont situées à proximité, je me trompe ? Au fait, savez-vous quel est l’objet le plus utilisé dans les caricatures quand il s’agit d’évoquer un peu méchamment nos voisins allemands ? La chope de bière ?  L’aigle du Reich ? Que nenni, c’est…  le casque à pointe ! Et cette germanophobie elle remonte à quand au juste ?

On pourrait poursuivre longtemps le jeu des devinettes en s’interrogeant par exemple sur l’origine du quartier d’affaires de la Défense à Paris, la capitulation de Sedan, la tour Bismarck de Metz ou le passage des Bourbaki dans le canton de Neuchâtel …  Nos réponses hésitantes ou approximatives tendraient à signifier combien le souvenir de la guerre franco-prussienne de 1870-71 s’est étiolé au fil du temps.

« Capitulation de Sedan » : la phobie du casque à pointe – dans le journal satirique français Le Charivari du 22 septembre 1870, Honoré Daumier inaugure la germanophobie qui va gagner l’opinion publique française à l’issue de la guerre. Source Wikipédia

Essayons d’y voir un peu plus clair avec Traverse, en explorant les traces de ces mémoires dans le territoire franco-suisse :

La guerre franco-prussienne dans le grenier de la mémoire collective

Ensevelie sous les mémoires des deux guerres mondiales, la guerre de 1870 est aujourd’hui largement oubliée. Pourtant, cette « Année terrible », selon l’expression de Victor Hugo, qui s’achève par une insurrection populaire –  la Commune de Paris et celles d’autres villes en France – et une guerre civile, a traumatisé les contemporains et les générations suivantes. Elle fut en effet le creuset de représentations politiques et sociales, mais aussi d’affirmations identitaires, ayant servi de terreau à l’idéologie nationaliste, exacerbée lors des grandes crises du XXe siècle.

S’il n’y a plus guère à l’échelle nationale de commémoration mobilisatrice autour de cet événement, on peut toutefois relever les indices d’un regain d’intérêt pour ses mémoires localisées, notamment auprès d’acteurs associatifs, érudits et élus de l’arc jurassien, qui voient dans la conclusion à la fois dramatique et heureuse  (la déroute des soldats de l’armée  Bourbaki et l’élan de solidarité de la population helvétique) de cet épisode belliqueux l’occasion de célébrer une amitié particulière entre la France et la Suisse.

«Secours Val de Travers» par Auguste Bachelin (1872). Source : https://histoire.redcross.ch

Le film des événements

Dès les premiers affrontements, en août 1870, la France doit abandonner l’Alsace et la Lorraine, à l’exception de quelques places fortes. Le 2 septembre, Napoléon III capitule à Sedan, tandis que les Prussiens marchent sur Paris. Après la chute du Second Empire, un gouvernement provisoire, sous l’impulsion de Léon Gambetta, reprend en main les opérations militaires pour contrer l’envahisseur. Le 2 janvier 1871, cent mille soldats de l’Armée de l’Est se mettent en ordre de marche sous le commandement du général Charles-Denis Bourbaki, pour tenter de desserrer l’étau emprisonnant Belfort, défendu par le colonel Pierre-Philippe Denfert Rochereau. Après l’échec de la Bataille de la Lizaine (près de Montbéliard) du 15 au 17 janvier, Bourbaki se replie à Besançon pour tenter ensuite une retraite vers Lyon. Celle-ci s’avère toutefois impossible, en raison de la présence de l’armée ennemie sur les hauteurs de Quingey.

Bataille de la Lizaine près de Montbéliard. Source : http://patrickmathie.over-blog.com/2015/10/seveux-8-memorial-de-la-guerre-de-1870-passant-souviens-toi.html

Ainsi prise en tenaille l’Armée de l’Est se voit contrainte de dévier sa marche vers Pontarlier. Le 26 janvier, écrasé par cette série de revers, le général Bourbaki tente de se suicider. Le 28, Jules Favre, ministre français des Affaires étrangères, et le comte Otto von Bismarck, nouveau chancelier de l’Empire allemand, signent un armistice qui entraîne la suspension des hostilités sur tous les fronts sauf pour l’Armée de l’Est, ce qui ajoute encore à la confusion et au désarroi des troupes. La retraite est dès lors inévitable ; retraite dramatique par un froid glacial qualifié de sibérien dans les chroniques de l’époque, et qui tourne bientôt en déroute. Démoralisés par les échecs successifs, épuisés par des mouvements incessants dans la neige, nombre de soldats désertent ; d’autres, épuisés meurent en chemin.

Le Neuchâtelois, Auguste Bachelin a peint l’armée Bourbaki lors de sa longue odyssée à travers le Jura. Source : http://memoiredhistoire.canalblog.com/archives/2016/10/20/34463386.html

Sachant la guerre désormais perdue, le général Justin Clinchant, successeur de Bourbaki, se décide à demander  l’internement de l’armée française en Suisse. Le 1er février au poste-frontière des Verrières (Doubs/Neuchâtel), le général Hans Herzog, commandant en chef de l’armée suisse, et Clinchant signent une convention autorisant les soldats français à pénétrer en Suisse, à la condition que l’armement soit déposé à la frontière. C’est ainsi que du 1er au 3 février, 87 000 hommes (parmi lesquels des représentants des troupes coloniales : « turcos » ou tirailleurs algériens et zouaves) et 12 000 chevaux pénètrent en Suisse par Les Verrières, Sainte-Croix, Vallorbe et la vallée de Joux, où la population leur porte aussitôt assistance.

Le Conseil fédéral suisse répartit ensuite les internés entre tous les cantons, à l’exception du Tessin. Après un temps de convalescence la plupart des survivants reprennent le chemin de leurs foyers en France, tandis qu’une minorité s’installe à demeure dans le pays d’accueil.  Dès 1872, la France remboursera les frais publics de cette opération, soit environ 12 millions de francs.

« Hospitalité suisse », tableau de Albert Anker. Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel. Source : http://www.laguerrede1870enimages.fr/page66.html

L’impression profonde provoquée par cet événement extraordinaire conduit de nombreux auteurs à en rendre compte par la plume, à l’instar de James Guillaume (enseignant et théoricien du mouvement anarchiste) témoin direct de l’événement : « J’assistai au lugubre défilé de l’armée qui traversa presque toute entière la ville de Neuchâtel. Ce spectacle nous donna l’ineffaçable impression des atroces réalités de la guerre. Je vois encore les malheureux Français, lignards, zouaves, turcos, mobiles, dragons descendant en une interminable colonne incessamment renouvelée la route des Terreaux, mornes, lamentables, affamés, écrasés de fatigue ».  

Cet épisode constitue aussi un sujet fertile pour la mémoire nationale suisse (qui va se construire autour du thème de la neutralité) : nombre d’artistes s’emparent de l’événement, dépeignant l’effroyable spectacle de soldats démunis sur lesquels se penche une population helvétique secourable.

Statue de Guillaume Tell, esplanade de Montbenon à Lausanne, offerte en 1902 par un mécène parisien, en souvenir de l’accueil réservé aux Bourbaki. Elle est l’œuvre du sculpteur Antonin Mercié. Source : http://www.notrehistoire.ch/medias/52194

Les peintres neuchâtelois Auguste Bachelin et bernois Albert Anker immortalisent des scènes de vie de ces soldats en Suisse. L’abondante production artistique liée à cet événement culmine avec le fameux panorama Bourbaki (genre pictural très à la mode en Europe) réalisé à Genève par Édouard Castres et une équipe de décorateurs. Celui-ci exécute une œuvre humaniste représentant le passage des soldats de l’Armée de l’Est aux Verrières. Certains y voient une allégorie de la neutralité et de la vocation humanitaire du jeune état fédéral. Choqué par le spectacle de l’après-bataille de Solferino (1859) Castres – émule du genevois Henry Dunant qui a initié la création de la Croix-Rouge en 1863 –  avait lui-même financé une ambulance et suivi le périple des Bourbaki sous le sigle de la Croix-Rouge.

Élément du panorama Bourbaki d’Édouard Castres. Source : http://memoiredhistoire.canalblog.com/archives/2016/10/19/34459467.html

Gestion du souvenir au sortir du conflit

Dans un contexte de montée des nationalismes en Europe, la gestion de la mémoire de la guerre de 1870-1871 est un enjeu capital pour les deux puissances belligérantes. Du côté de la jeune Allemagne désormais unifiée, on proclame le 2 septembre (jour de la victoire de Sedan) fête nationale et l’on édifie nombre de monuments à la victoire. En revanche pour la France la question est complexe. Comment et pourquoi commémorer une défaite ? Selon quelles modalités et pour délivrer quel message ? Ces incertitudes se trouvent, en outre, immédiatement compliquées par l’instabilité politique qui succède à la chute de l’Empire.

 

Monument commémoratif de Besançon. Source : http://www.chaprais.info/wp-content/uploads/2016/06/champ-bruley-1.jpg

À peine la guerre achevée, le pays se couvre de monuments honorant les « morts pour la France ». L’édification d’une « mémoire de pierre » par les communes ou les compagnons d’armes des victimes, sans que l’État n’intervienne dans un premier temps (il ne prend en charge que la construction des nécropoles nationales) est un phénomène inédit en France. Cette prise de possession locale de la mémoire de guerre, visant à honorer l’ensemble des morts au combat et pas simplement les « grands hommes » (héros ou officiers) tient aux caractéristiques du conflit, notamment à la levée de bataillons régionaux par département, qui préserve les liens et les sociabilités communales et cantonales. Jusqu’alors, les simples combattants étaient abandonnés sur les champs de bataille ou inhumés dans des fosses communes. L’inauguration de ces monuments est souvent accompagnée de fêtes patriotiques qui incarnent l’ambivalence d’un pays en quête de stabilité politique. En 1880, à l’occasion du premier 14 juillet, le régime républicain lance une politique de la mémoire de grande ampleur, esquisse de ce qu’on appellera « roman national ». C’est ainsi que l’on diffuse le mythe de l’Allemand en ennemi héréditaire, à partir de la réinterprétation d’événements qui semblent attester le caractère pluriséculaire de la querelle entre Germains et Gaulois. Le gouvernement intervient par le biais de multiples associations, de l’école et des sociétés gymniques ou patriotiques. Populaire et militarisée, orchestrée par les élites, cette culture républicaine de la Revanche est sous-tendue par le patriotisme qui légitime la violence. La loi de 1901 sur les associations amplifie encore ce mouvement en facilitant la création de sociétés d’anciens combattants, la principale étant le Souvenir français, chargé d’entretenir la mémoire du conflit. Remarquons cependant que cette mémoire de guerre n’est pas partagée par tous, l’adhésion au patriotisme républicain étant plus ou moins intense selon les générations, les milieux sociaux ou les convictions politiques. Certains enseignants et maires ont même fait acte de résistance à la propagande « revancharde ». En passant du statut de souvenir de ceux qui l’ont vécu à celui de mémoire collective à la fin du XIXe siècle siècle, ce culte glorieux ou morbide va s’effilochant. D’officiel, il devient surtout le fait de minorités. En effet, si la presse nationaliste ou la Ligue des patriotes entretiennent le discours de la revanche, il disparaît peu à peu des discours officiels et de la presse populaire.

Quelques actions mémorielles contemporaines

De nos jours, la « mémoire de pierre » en l’honneur des soldats de 1870-71 est encore bien visible de part et d’autre de la frontière : En suisse près du Sentier (vallée de Joux VD), à Colombier (NE), à Avenches (VD) ou encore à Soleure (SO).

Monument d’Avenches (VD). Source : http://www.passionmilitaria.com/t34339-la-suisse-un-pays-neutre

En France, et en particulier dans le Doubs, à  Baume-les-Dames, Besançon, Clerval, Maîche, Montbéliard, Morteau, Pontarlier et bien d’autres lieux encore, on trouve des monuments, plaques commémoratives et autres sépultures entretenus de nos jours par les riverains.

Monument « Aux derniers défenseurs de la Patrie – 1er Février 1871 » à La Cluse-et-Mijoux (Doubs). Crédit : Philippe Frilley. http://www.memorialgenweb.org/mobile/fr/resultcommune.php?idsource=201476

Sur les lieux-mêmes du combat ou du passage des troupes à travers la frontière, des  collectifs se mobilisent pour proposer de nouvelles narrations de cet épisode, prenant la forme de reconstitutions historiques, spectacles vivants, films documentaires ou sentier d’interprétation.

Reconstitution de l’arrivée des Bourbaki en gare des Verrières. Source : http://guerrede30ans.unblog.fr/sorties-2011/

En 2015, l’Association « Bourbaki Les Verrières » a notamment créé un parcours didactique permettant la découverte des lieux de l’action (gare, poste douane).

Reproduction d’un tableau d’Auguste Bachelin (1871) devant le collège des Verrières. Source : https://www.rtn.ch/rtn/Actualite/Region/20170206-Les-Bourbaki-146-ans-plus-tard.html

La dernière étape de cet itinéraire mémoriel, organisé autour des valeurs d’humanité et d’hospitalité, se situe à La Cluse-et-Mijoux (Doubs). Il s’agit d’une fresque peinte sur un mur situé en face du Château de Joux. En raison de fréquents embouteillages à l’entrée de Pontarlier, cette œuvre de « street art » est bien visible depuis la route. En 2016, le Service territorial de l’architecture et du patrimoine avait réclamé qu’elle soit effacée, ce qui avait déclenché une polémique. Tout est désormais rentré dans l’ordre et l’œuvre de Benjamin Locatelli n’est plus menacée.

Fresque de Benjamin Locatelli à La Cluse et Mijoux, 2015. Source : http://www.arcinfo.ch/articles/regions/val-de-travers/imbroglio-autour-de-la-fresque-bourbaki-583495

Si le système de représentations de la guerre de 1870-71 a d’abord reposé sur les valeurs guerrières d’un patriotisme revanchard, de nos jours ce sont davantage les valeurs de paix, d’hospitalité et  de solidarité qui sont mobilisées par les différents protagonistes de cet acte mémoriel en pays frontalier.

P.S. : L’auteur remercie Nicole Froidevaux (Office cantonal du patrimoine et de l’archéologie de Neuchâtel) pour ses conseils.

Nos fiches

Fiche: Lion de Belfort

sculpture monumentale de Bartholdi

Fiche: Musée international de la Croix-Rouge

La philosophie, l’éthique et l’action humanitaire au cœur de la ville de Genève

Henri Dunant undefined

Sa vision a conduit à la création de ce qui est aujourd’hui le Mouvement international de la Croix-Rouge

Fiche: Le panorama Bourbaki

Œuvre picturale de Édouard Castres (1881) : tableau panorama circulaire présenté à Lucerne

Fiche: Soldats dans l’hiver jurassien

Scène de fraternité dans la Sibérie jurassienne en 1871

Fiche: Armée de l’Est, Verrières (Neuchâtel)

Entrée de l’Armée de l’Est aux Verrières-Suisses en 1871, lithographie de Auguste Bachelin

Pour aller plus loin

Luce-Marie Albigès, « L’armée de l’Est internée en Suisse », Histoire par l’image [en ligne]

https://www.histoire-image.org/etudes/armee-est-internee-suisse

Auguste Bachelin, «L’Armée de l’Est en Suisse: Notes et croquis», Lausanne: Imer et Lebet Auto-Lithographie Neuchâtel, 1872.

François Bugnion , « L’arrivée des «Bourbaki» aux Verrières »,  Revue internationale de la Croix-Rouge, 818, 1996 :  https://www.icrc.org/fre/resources/documents/misc/5fzggh.htm

Jean-François Chanet, François Cochet, Olivier Dard, Eric Necker, Jakob Vogel (dir.), D’une guerre à l’autre. Que reste-t-il de 1870-1871 en 1914 ?, Riveneuve éditions, 2016.

Jean-Louis Clade, Chronique d’une guerre oubliée : la guerre de 1870-1871 en Franche-Comté, Cabédita, Bière (Suisse), 2015.

Rémi Dalisson, « Les racines d’une commémoration : les fêtes de la Revanche et les inaugurations de monuments aux morts de 1870 en France (1871-1914) », Revue historique des armées [En ligne], 274 | 2014, mis en ligne le 01 juillet 2014, consulté le 11 octobre 2017. URL : http://rha.revues.org/7994

Stéphane José Gaggero, Politique d’accueil de l’armée Bourbaki,  février-mars 1871, Master d’histoire, Université de Neuchâtel, 2010.

James Guillaume, L’internationale : documents et souvenirs (1864-1878), t. 2, 3e partie, chap. 6, p. 2.

Jean-François Lecaillon, Le souvenir de 1870, histoire d’une mémoire, Bernard Giovanangeli éditeur, 2011.

André Meyer et Heinz Horat , Les bourbakis : l’internement en Suisse, en 1871, des unités de l’armée Bourbaki, éditions 24 heures, Lausanne, 1983.

Pierre Milza, L’année terrible, Paris, Perrin, 2009.

Colonel Édouard Secretan, L’ Armée de l’Est (20 décembre 1870 1er février 1871) , 2e éd., Neuchâtel, Attinger Frères Éditeurs, 1894, p. 557.

http://memoiredhistoire.canalblog.com/albums/peintres_francais_et_la_guerre_de_1870/index.html

Fresque Bourbaki, La Cluse et Mijoux, Benjamin Locatelli, Association Bourbaki Les Verrières :  https://www.youtube.com/watch?v=i-PsmnIebXU

http://www.souvenir-francais-doubs.fr/monuments aux morts 1870.htm

https://www.rts.ch/archives/radio/divers/emission…/3255164-veteran-de-guerre.htm

https://fr.wikisource.org/wiki/La_Suisse_pendant_la_guerre_de_1870_-_Nos_%C3%A9migr%C3%A9s_de_Strasbourg_et_nos_soldats_de_l%E2%80%99arm%C3%A9e_de_l%E2%80%99est

Association Bourbaki les Verrières :

www.bourbaki-verrieres.ch

« La bataille de la Lizaine », film de Daniel Seigneur : https://www.youtube.com/watch?v=LLIw-mrS2go&feature=youtu.be

 www.bourbakipanorama.ch

 

http://www.souvenirfrancaissuisse.com/liste-des-monuments.html

Chemins de Mémoire | Ministère des Armées

Actions pédagogiques, tourisme de mémoire, histoire des conflits contemporains : parcourir les chemins de la mémoire

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