Atelier transfrontalier en « pays horloger » (Doubs-Neuchâtel-Vaud)

Cet atelier se déroulera au Musée de l’horlogerie de Morteau. Cette petite ville du Haut-Doubs, proche de Pontarlier et de La Chaux-de-Fond, est au cœur d’un territoire qui vu naître plusieurs projets de coopération transfrontalière à caractère patrimonial : « parc naturel franco-suisse » (à l’étude), « route de l’absinthe », « mémoires des Bourbaki en 1871 », « route de la mesure du temps ».
Cette dernière thématique, liée à la tradition horlogère, concerne également plusieurs régions voisines : trois cantons suisses, Jura, Neuchâtel et Vaud, voire Genève, et en France, outre le Doubs, la Haute-Savoie (vallée de l’Arve)… A ce jour bien documenté dans l’application numérique traverse, ce thème renvoie à plusieurs axes thématiques majeurs du projet « patrimoines en partage ».

1. Enjeux et perspectives

Présentation de l’outil traverse

Différents acteurs publics franco-suisses (DRAC, Régions, Cantons, Départements, etc.) engagés dans la protection et la valorisation des patrimoines se sont fédérés en 2014 au sein d’un programme Interreg intitulé « Traverse-Patrimoines franco-suisses en partage », piloté par deux chefs de file : le SIPaL (Canton de Vaud) pour la Suisse et la Fondation FACIM pour la France.
Depuis l’automne 2017, traverse, outil numérique de partage de la connaissance, prend la forme d’une application pour téléphone mobile destinée aux habitants et visiteurs de ce territoire transfrontalier les invitant à (se) raconter des histoires. Traverse permet une relation dynamique aux éléments du patrimoine via un flux d’images (bases de données publiques mises en relation avec des images anciennes et contemporaines postées et/ou prises par les créateurs de contenu) légendées et commentées. A travers l’écriture de ces « cartes postales » d’un genre nouveau, le contributeur de traverse témoigne de son attachement à un monument, un paysage, une tradition culinaire, une œuvre artistique, un personnage historique ou légendaire, des savoirs et savoir faire… reliés à la vie de « son » territoire.
Lien vers l’application mobile : https://www.traverse-patrimoines.com/app

Vers une « communauté d’ambassadeurs » de traverse ?

Traverse ayant rencontré – par l’intermédiaire de son site internet dédié et surtout de l’application proprement dite – une partie du public intéressé par les nouveaux outils de partage de la connaissance, il s’agit désormais de pérenniser l’opération en permettant aux acteurs du tourisme, de l’enseignement et de la culture de s’en emparer, voire d’en créer de nouveaux usages. Pour ce faire, il convient de constituer une « communauté d’ambassadeurs de traverse » : enseignants, guides conférenciers, animateurs de l’architecture et du patrimoine, médiateurs culturels, responsables de musées, érudits locaux, professionnels du plein-air, éducateurs sportifs, hébergeurs etc… ancrés dans leur bassin de vie.

L’équipe de traverse souhaite donc transformer l’application d’édition en un outil générique. Nous sommes en effet convaincus de son potentiel pour des usages pédagogiques en histoire-géographie, lettres, arts plastiques, mais également de manière plus transversale dans le cadre par exemple d’une « éducation au territoire » et même d’une « éducation à la citoyenneté », à travers l’analyse critique des médias et la sensibilisation aux usages du numérique.

L’animation de cette communauté d’ambassadeurs, nécessairement connectée aux réseaux sociaux, représente donc une piste de réflexion importante pour l’avenir du projet, dans la mesure où de plus en plus d’individus créent et échangent des informations sur Internet. Avec la généralisation des pratiques sociales numériques, le modèle communicationnel traditionnel basé sur l’autorité d’un flux à sens unique a en effet évolué vers davantage d’interactivité.

C’est précisément autour de cette question cruciale de l’interactivité que nous allons focaliser notre attention lors de cet atelier. Comment un outil institutionnel à vocation collaborative peut-il fédérer des contributeurs-créateurs de contenus de la « société civile », c’est-à-dire aller à la rencontre des publics et fidéliser de possibles usagers ?

2. Déroulement de la journée

Publics concernés : un panel représentatif des forces vives du territoire et quelques hôtes de traverse (25-30 personnes maximum) parmi lesquels l’équipe de chercheurs en Infocom de l’Université Lyon 2 qui nous accompagnent dans la réflexion.

Au préalable, il nous paraît nécessaire d’enrichir l’outil éditorial avec des contenus spécifiques à ce « Pays horloger », que l’on complétera, améliorera, illustrera lors de l’atelier. Ces différents matériaux épars et composites pourront constituer un terreau fertile au moyen duquel le « créateur de contenus » pourra transmettre sous une forme inédite, ses connaissances ou impressions de visiteur du site.

9h30 Accueil café (salle du « temps présent »)

10h Introduction à la journée

  • Accueil en présence des élus locaux français et suisses
  • Patrimoines et mémoires du « pays horloger » par Noël Barbe (anthropologue Drac BFC/ CNRS)
  • Présentation de l’outil traverse par les chefs de file franco-suisses (Laurent Chenu, SIPAL, canton de Vaud, Martine Buissart, fondation FACIM).

Deux ateliers en alternance, par groupe en salle et en extérieur

1. Devenir « créateur de contenu : pour qui, pourquoi, quand et comment ? » :

Il s’agit d’organiser une déambulation dans les rues de Morteau, téléphone en main, à la recherche de ce qui fait patrimoine dans la ville. A cette occasion des prises de photos permettront de documenter les fiches déjà existantes et d’en créer de nouvelles. On pourra ainsi tester les potentialités de l’appli/ projet d’action éducative du type : « à la découverte de son lieu de vie », mais également (pourquoi pas ?) lors d’une procédure d’élaboration ou de révision d’un plan local d’urbanisme.

Animation : Ulrich Fischer (AMO traverse), Philippe Hanus (Coordinateur éditorial traverse)

2. Les ambassadeurs de traverse, un autre regard sur les patrimoines ?

Quel travail autour des modalités de mobilisation des contributeurs pour produire des « fiches », rebaptisées « cartes postales » (cette tentative de glissement sémantique témoigne de la difficulté que nous avons de sortir du vocabulaire documentaire) et mises en relations sous forme de « playlists » ? Quelle présence dans les réseaux sociaux ?

Quelles inventions, (re)découvertes, usages possible des utilisateurs de l’application et des fiches au sein de pratiques sociales dites « ordinaires » ? La réflexion sur cette articulation, (ou sur les points d’empêchement) permettrait d’avancer  sur « l’abaissement des barrières » entre les différents statuts d’utilisateurs.

Animation : Julia Bonaccorsi (enseignant-chercheur en info-com, U. Lyon 2) et Marie Galley (community manager de traverse).

Déjeuner sur place

14h Bilan et perspectives : ce que les différents protagonistes ont pu retirer comme bénéfices (pour leur institution, leur territoire, leur projet pédagogique) de l’expérience traverse.

15h Visite du musée de l’horlogerie sous la houlette de Grégory Maugain (directeur du musée) et fin de la rencontre

Lien vers le programme détaillé