(Re)découvrir les patrimoines franco-suisses… avec Traverse ?

Poste frontière secteur de Genève. Crédit : Keystone

La Suisse romande et la France, bien que séparées par une frontière administrative, possèdent nombre de traits culturels communs…

Réclame pour la chocolaterie « franco-suisse » Klaus, au temps de la Belle Époque

 

L’intention de Traverse est de susciter du désir chez nos contemporains pour la découverte, ou la redécouverte ininterrompue, des divers patrimoines franco-suisses.

Ce projet transfrontalier de partage des savoirs et des émotions, via une application mobile, propose la mise en cohérence de sources d’information d’horizons variés (publications scientifiques, fonds documentaires, etc) conservées dans les bibliothèques, les musées ou éparpillées dans le monde du Web, en les requalifiant et en les redistribuant dans de multiples « histoires de territoire ». Pour ce faire, la curation de Traverse sélectionne, édite et partage les contenus les plus pertinents du Web en rapport avec son objet et offre ainsi une plus grande visibilité et une meilleure lisibilité à des fonds patrimoniaux.

Visite du Château de Ripaille (Haute Savoie) avec P. Maillard de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, lors d’un comité de pilotage de Traverse en 2016. Crédit M. Colliot FACIM

Les fiches de l’application Traverse sont identifiées par un titre précis – renvoyant à un lieu, objet, personnage ou événement – permettant d’en expliciter le contenu ; chacune d’entre elles (tel un nuancier de couleurs sur la palette du peintre) peut s’harmoniser avec d’autres propositions éditoriales au sein d’une playlist. Ce dispositif qui génère de l’intelligence collective repose sur la dynamique entre, d’une part, la transmission des héritages culturels par les institutions et, d’autre part, les expériences patrimoniales vécues par les citoyens ou visiteurs de ce territoire.

Crépuscule depuis les hauteurs du Mont Suchet (canton de Vaud). Crédit Hanus, 2017

Chaque playlist fonctionne en effet comme un recueil de nouvelles portant la signature d’un chercheur ou d’une institution et, dans un futur proche, celle de tout citoyen désireux de s’engager dans cette aventure en compilant des anecdotes personnelles ou en partageant ses découvertes pour raconter une parcelle de l’histoire de ce territoire franco-suisse.

En un petit clic : le patrimoine de Chambéry. Crédit S. Pérez, FACIM.

Avec Traverse la frontière entre éditeur de contenus et récepteur tend donc à s’estomper, puisque l’usager documente à sa façon cette œuvre collective par ses propres médias.

Au moyen de cette gigantesque collection de photographies et de vidéos, reliées entre elles par des propositions narratives originales, Traverse fait la part belle aux évocations sensibles des patrimoines.

La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel), appelée « La grande manufacture » par Karl Marx. Crédit : Ville de La Chaux-de-Fonds, A. Henchoz

Traverse est en quelque sorte une « capsule témoin » de la manière dont se tissent les liens aux patrimoines au XXIe siècle, grâce à la mise en relation d’images d’inventaires (des années 1880 à nos jours) qui se juxtaposent, se télescopent ou s’agencent avec des images saisies par tout un chacun au moyen d’un téléphone portable.

Jardin du Verney, Chambéry. Crédit S. Pérez, FACIM 2017

Grâce à ce flux continu d’images qui s’aimantent mutuellement, Traverse favorise une connaissance polyphonique du monde et, ce faisant, incite les usagers à faire une nouvelle expérience du patrimoine. Cet outil numérique de partage de la connaissance entend ainsi (re)créer des entre de part et d’autre de la frontière.

Gageons que les passeurs et contrebandiers du savoir de Traverse ne se laisseront arrêter par aucune frontière !

Mise en scène du pittoresque de la frontière : jeu de rôle entre « douaniers » et « contrebandiers » sous le regard du photographe. Poste des Entreportes (Pontarlier). Carte postale vers 1900.