Devenir contributeur de Traverse : pour qui, pourquoi, comment ?

Image Fondation Facim, 2017

Il s’agit, à partir d’un flux d’images fixes et en mouvement, de données scientifiques ou de représentations subjectives du territoire, de raconter des histoires qui donneront envie à d’autres personnes de raconter à leur tour des histoires…

Pont Charles-Albert dit Pont de la Caille, Haute Savoie (1839). Crédit Philippe Hanus, décembre 2016

Au départ on rechigne à la tâche, parce que l’océan des informations stockées dans les bases de données ou sur internet donne le vertige à tout contributeur potentiel. Pour lever toute forme de malentendu, rappelons qu’il il ne s’agit pas ici de produire des séries de techno-fiches à l’infini, mais bien plutôt de proposer la narration de quelques « histoires de territoire » sur un mode sensible, ludique ou poétique… voire humoristique.

 

Le Ranz des vaches, ou la Suisse éternelle… Source : http://www.notrehistoire.ch/medias/14587

Il ne s’agit pas nécessairement de transmettre la réalité objective du monument, mais le type de relation que j’entretiens avec celui-ci et donc, avant tout, d’oser raconter une histoire. On échappe ainsi à toute forme d’approche dogmatique et à un excès de didactisme : on ne détient qu’une parcelle de savoir que l’on donne en partage à un tiers… qui lui connaît peut-être une autre forme de savoir, ou simplement se pose des questions sur tel ou tel élément du patrimoine.

Carte postale ancienne, vers 1900. Source : http://www.notrehistoire.ch/medias/36144. Fonds : Yannik Plomb.

 

On choisit de préférence un média (une belle image), susceptible d’attirer le regard et d’interpeler le public. Celle-ci est le point de départ d’une narration. Une fois que l’on a choisi son image et ensuite rempli méticuleusement une première « fiche » (localisation, datation ou périodisation, éléments de contexte géo-politique et clés de lecture pour le lecteur non initié) on va lui adjoindre une deuxième, puis une troisième et, ainsi de suite, diverses autres fiches, par association d’idées. C’est dans cet esprit que l’application Traverse propose une lecture subjective mais rigoureuse d’un site, objet, personnage ou événement historique… puis, in fine, illustre une thématique: l’administration de la frontière en 1900 ou la vie dans les palaces à la Belle Époque …

C’est parfois la rencontre inopinée entre deux fiches que l’on a éditées, ou avec une troisième fiche éditée par un collègue qui nous donne envie d’approfondir telle ou telle thématique. Il convient ensuite de choisir un titre pour notre playlist, renvoyant au thème principal de la narration.

Si j’étais archéologue, je présenterais mon premier chantier de fouille et je raconterais où et comment j’ai découvert mon premier silex ; si j’étais historien d’art je parlerais de mes émois face au tableau de la Pêche miraculeuse.

La pêche miraculeuse d’après Konrad Witz, 1444. Musée d’art et d’histoire de Genève.

Pour moi qui m’intéresse de longue date aux déplacements petits et grands, j’ai voulu raconter la mise en place du système ferroviaire qui innerve le territoire. Je suis parti de quelques gares emblématiques où j’aime flâner en regardant passer les trains : Modane, Culoz, Brigue. En observant les fresques qui ornent le hall de la gare de Cornavin, j’ai réfléchi à ma propre représentation de ce haut lieu Genevois. C’est étrange, mais lorsque je l’ai vue pour la première fois pour de vrai, j’avais l’impression de la (re)connaître. J’ai réfléchi et je me suis soudain souvenu que c’était grâce aux aventures de Tintin : une partie de l’intrigue de L’affaire tournesol se déroule en effet sur les rives du Léman au cours de la Guerre froide. On y découvre Tintin et Haddock déambulant devant l’entrée de la gare… image que j’avais sans doute imprimée dans mon esprit enfant. Et hop, pourquoi ne pas tenter une playlist « Chemins de fer et bande dessinée » ? Ce qui est important, en définitive, c’est ce qui relie les éléments du patrimoine entre eux… On peut pour cela choisir une interrogation (selon le principe de la devinette) ou adopter un ton plus humoristique : « Mouthe, ça donne froid dans le dos ! »

Panneau de signalisation à Mouthe, le 17 janvier 2017. http://www.la-croix.com/France/A-Mouthe-petite-Siberie-francaise-froid-comme-vivre-2017-01-18-1300818228

Par où commencer et selon quelle logique ? Hormis les contraintes techniques explicitées dans le tutoriel, qu’il nous faut impérativement respecter, il n’y a pas une, mais des recettes.

Je conseillerais de se fier à son intuition, et de laisser son esprit vagabonder. On prépare d’abord un brouillon – qui agit comme un pense bête (une sorte de post-it virtuel) : « Et si je disais deux mots des Jeux Olympiques ? Allez hop, je prépare une fiche illustrée par une affiche des premiers J.O. d’hiver à Chamonix en 1924. Mais il y aussi eu Albertville en 1992… Et puis le siège du CIO, c’est pas à Lausanne qu’il se trouve ? » Je découvre ensuite qu’il y a plusieurs vidéos sur YouTube qui évoquent cet événement. Je me mets donc à documenter une playlist « Jeux Olympiques » incluant : les aires sportives, l’architecture, les disciplines, les héros du sport, les affiches publicitaires, de part et d’autre de la frontière franco-suisse.

En fin de compte j’ai emprunté sans m’en rendre compte les chemins de traverse en produisant et faisant circuler des informations qui enrichissent la vision de ce territoire transfrontalier.

De Chambéry vers l’ailleurs. Crédit Sandrine Pérez FACIM

A vous de jouer…

 

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